ARLES / Ce patrimoine mondial de l’Unesco, deux fois millénaire, assume désormais son identité de Janus transformiste : archéologique et estival.
Ici, les pierres ont le silence éloquent. La demande de l’État et de la ville d’Arles était de restituer sa minéralité et sa vitalité au théâtre antique, compte-tenu d’une double vocation d’accueil : visites du site et spectacles. Le parti, technique et esthétique, a été pris de manier à la fois l’effet Pop-Up d’ouvrages mobiles ou escamotables (une dizaine) et le fondu-enchaîné sur les matériaux (pierre, bois, métal). Ce projet est né au sein de l’Atelier François Seigneur et Sylvie de la Dure.
Exigences. Au cœur du programme : la réalisation d’un plateau scénique s’effaçant hors saison festivalière pour laisser place aux vestiges de la scène antique, et la création de ses équipements – loges, régie et grill techniques, écran (18 x 9 m). Autour : la restauration d’un accueil-boutique pour les visiteurs, la construction d’une billetterie pour les spectateurs, d’une buvette et de sanitaires. Enfin, l’aménagement d’un parcours piéton. À l’impératif patrimonial s’ajoute celui d’une fonctionnalité sans failles.
Dualités. Le projet traduit les deux temps de la vie du théâtre en concrétisant l’équilibre entre présence et absence. Côté volumes, il joue l’effet Pop-Up d’apparition/disparition : les loges dissimulées et la scène mobile, la régie courbe érigée à l’arrière de la cavea et réduite à sa plus simple expression (une cabine et un grill démontable), la billetterie et la buvette transformistes… Côté matériaux, c’est le fondu-enchaîné entre la patine de la pierre calcaire et la “peau” des ouvrages, en bois (mélèze) et métal (aluminium). Un tissage intime, y compris au plan des patines et couleurs (neutres), que vient allumer le flamboyant orange Pompéi jailli de l’intérieur des ouvrages lorsqu’ils se déploient.
Romain. Projet de toutes les contraintes (patrimoniales, techniques, réglementaires…), près de dix années au long cours en ont fait un chantier de romain mais aussi gratifiant pour chaque partie. “Le théâtre antique a retrouvé son identité”, a pu écrire François Botton, Architecte en chef des Monuments historiques (Monumental, éditions du Patrimoine, 2e semestre 2009). Cette expérience intense et passionnante conforte Fluor dans la conviction que la création contemporaine a sa place au cœur d’un patrimoine architectural majeur.
Culture,Théâtre Antique . Arles
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