STRASBOURG / Un “Bâtiment qui pousse” accueille en toute discrétion les jardiniers au sein du Grand Parc du Heyritz
GRAND PRIX DE L’AMENAGEMENT URBAIN ET PAYSAGER 2015 DU MONITEUR
FLUOR livre ici un projet mutant plus environnemental que formel avec ce “bâtiment-vitrine” pour les jardiniers municipaux du Parc. Le bâtiment devient l’expression de leur savoir-faire grâce au mur canevas qui accueillera les végétations successives. Il est dessiné pour changer au fil du temps. C’est un bâtiment qui pousse et qui repousse les limites, qui questionne sur la notion de Bords et de Frontières. Un projet qui permet d’appréhender non pas la maîtrise d’ouvrage mais la maîtrise d’usage.
Anciens glacis militaires: Compact et zone portuaire, le Heyritz a engagé sa transformation au milieu des années 1990 avec la réalisation du collège Pasteur (1996) et de l’Hôtel de Police (2002). Porte d’entrée du grand projet urbain Strasbourg-Deux-Rives, le projet du Heyritz dessine un parc habité au cœur de l’agglomération : il s’inscrit à la fois dans la ceinture métropolitaine qui accueille les grands équipements nécessaires à l’attractivité de l’agglomération. Actuellement occupé par des jardins familiaux, le site du futur local de service des jardiniers s’inscrit dans la trame verte de la CUS qui accompagne les 240 km de bassins et de cours d’eau.
Fonctionnalité: Le bâtiment est destiné à accueillir un effectif de 15 agents chargé de l’entretien des espaces verts du secteur incluant le parc du Heyritz, les abords du Centre Administratif, le Parc de l’Etoile ; la presqu’île Malraux (soit plus de 20 ha) ainsi que le matériel nécessaire à son entretien (tondeuses, véhicules, matériel horticole).
Les agents entretiennent tous les espaces verts quelque soit leur nature (berges, squares, parcs, arbres d’alignement) pour toutes les activités (nettoyage, tonte, élagage, plantation, arrosage, désherbage).
Le local des jardiniers répond à toutes les exigences fonctionnelles d’un équipement technique
– Optimisation des flux et absence de conflit dans la circulation des usagers.
– Répartition des surfaces en fonction des besoins spécifiques de chaque activité.
– Polyvalence des plateformes techniques dans l’espace de la cour de service.
– Manœuvrabilité des engins et véhicules de service/rayons de girations adaptés.
– Création d’un linéaire suffisant pour répondre aux besoins en termes de stockage.
Élément de composition du parc: Orner son jardin ou son parc d’une architecture de fantaisie, une “Folie”, sans autre but qu’esthétique, est une pratique qui date du XIIIe siècle.
S’il est avant tout un bâtiment principalement fonctionnel, le local des jardiniers n’en participe pas moins à la mise en scène et à la conception globale du parc du Heyritz. Une faible hauteur et un linéaire de façade important lui confèrent un fort ancrage au sol.
Le traitement unique de la clôture de la cour et le bardage des murs renforce l’unité de l’objet.
Un plan oblique coupe la partie supérieure du bâtiment qui varie continûment d’une hauteur de 1,80 m au niveau bas de la clôture à une hauteur de 4,50 m dans les locaux chauffés. L’inclinaison de sa ligne de crête donne à chaque face du bâtiment une géométrie particulière tout en renforçant l’unité globale du bâtiment. Au lieu d’un bâtiment et sa clôture, on obtient alors une seule entité composite mais cohérente, un bâtiment-clôture.
Abords: Le jardinier n’est plus uniquement le gestionnaire du patrimoine vivant existant, il est à présent créateur d’écosystèmes dans des zones urbanisées où ils viennent à manquer.
Le retrait de 5 m par rapport à la limite parcellaire forme une ceinture paysagère autour du bâtiment. Cet anneau s’élargit au sud de la parcelle pour former une véritable prairie.
Cette prairie pourra accueillir vergers – ruchers – nichoirs – mangeoires et autres abris pour la faune et la flore. L’enveloppe et les abords du bâtiment créent un écosystème favorable à l’implantation d’animaux ” utiles ” insectes pollinisateurs (bourdons, abeilles), animaux prédateurs naturels des parasites des cultures (oiseaux, coccinelles, perce-oreilles, hérissons) et alliés du jardinier (taupes, vers de terre).
Bardage: Les tasseaux de mélèze se superposent les uns aux autres pour former un bardage qui à la façon d’un canevas sert de support au tissage de l’osier vivant et permet la colonisation du bâti par le végétal.
Le dessin du bâtiment, changeant au fil du temps, dépend de ceux qui l’entretiennent, il ne résulte pas uniquement d’une conception architecturale préalablement établie.
Ce principe bouleverse la conception formelle du bâtiment qui, ici, se trouve en grande partie remise entre les mains du jardinier.
Symbiose: La croissance du végétal sur le bâtiment se fait dans une dynamique ascendante et héliotrope. Paradoxalement, une fois le bâtiment arrivé à maturité et la fusion du tissage opérée, la tendance s’inverse pour se traduire par l’enracinement du bâti dans son ” territoire ” dans une dynamique descendante et géotrope.
Compacité: Le bâtiment des locaux du personnel (norme RT2012) a un ratio surface de circulation / surface utile très avantageux. Il est inscrit dans un volume rectangulaire et compact sans décrochement pour limiter le linéaire de façade et les déperditions thermiques.
Les locaux hors gel sont en liaison directe avec les locaux chauffés et s’inscrivent dans un seul volume bâti.
Cet équipement est un abris.
Lieu : Strasbourg (67, France)
Mission : Mission complète
Budget : 5,55 M€ HT
Surface : 96 000 m²
Livraison : 2015
Maîtrise d’ouvrage : Ville et EuroMétropole de Strasbourg
GRAND PRIX DE L’AMENAGEMENT URBAIN ET PAYSAGER 2015 DU MONITEUR
Paysagiste – Mandataire : Atelier Ville et Paysage
BET INFRA : EGIS Ville et paysage
BET Fluides + HQE + OPC : Ingedec
BET Structure : Hagenmuller
Eclairagiste : Les éclaireurs
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Tags: Alsace - France, Construction, FLU044